Bien souvent, lors d’une balade en forêt, le décor semble immuable à l’œil du promeneur. Si la végétation suit son cycle de développement souvent infléchie par la main de l’homme, le massif dans son ensemble, semble avoir toujours été là. Pourtant, l’histoire nous apprend parfois que cela n’a pas toujours été le cas.
Un village implanté en pleine forêt alluviale
Il n'est pas nécessaire de remonter loin dans le passé pour trouver une trace de ce type d'épisode. En effet, récemment à Marckolsheim, environ 80 hectares de ce qui est aujourd’hui un massif de forêt communale, étaient alors couverts par un village.
A partir de 1932, EDF souhaite utiliser le Rhin afin d’y installer une série de centrales hydroélectriques, dans la foulée de la construction du grand canal d’Alsace.
Vue aérienne de la cité 14 (source : Association Mémoires Locales Marckolsheim)
La taille du chantier exige un nombre important d’ouvriers, venant pour la plupart de loin pour participer aux travaux (jusqu’à 17 nationalités). EDF décide de les loger, ainsi que leurs familles, dans un village constitué de maisons préfabriquées tout confort, qui sera déplacé à mesure de l’avancement du chantier.
La cité 14, puisque installée pour le 14ème chantier, s’implante aux abords de Marckolsheim en 1957. Elle logera pendant près de 10 ans, jusqu’à 3800 personnes, réparties dans 580 logements entièrement démontables. Doté de plusieurs écoles, d’une église, de commerces et services et même d’un tout à l’égout, le village ne manquait de rien et proposait tout le confort possible de l’époque. Démontée en 1968, à la fin des travaux, la cité a alors laissé à nouveau la place à la forêt.
Plan de la cité 14 (source : Association Mémoires Locales Marckolsheim)
Difficile aujourd’hui d’imaginer que des rues étaient tracées et bordées par des habitations, là où l’on ne distingue plus qu’un entremêlement de perchis, de jeunes futaies et de sous étages ligneux. Resté propriété d’EDF jusqu’en 1997, le secteur a par la suite été cédé à la commune, qui travaille depuis à la mise en valeur de ses richesses naturelles. Seuls vestiges de la cité, le bitume, quelques piquets de clôtures oubliés et le transformateur qui alimentait l’ensemble.
Rue du Dauphiné (Source JEHL Samuel)
Des piquets de clôture, seuls vestiges d'une entrée d'habitation (Source JEHL Samuel)
Les essences pionnières, tels que le bouleau, le tremble et l’aulne ont déjà eu le loisir de coloniser l’espace, et sont à présent talonnées par un haut perchis de chênes, d’érables, et de frênes.
Samuel JEHL - CAA
Le transformateur qui alimentait la cité (Source JEHL Samuel)
Vue aérienne de la cité 14, en 1962 et de nos jours (Source IGN)
Remerciements à l'association Mémoires Locales de Marckolsheim pour son appui documentaire.
Le site "Remonter le temps" de l'IGN
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